Le
Nouvelliste | Publié le : 14 mars 2014
Le service d’inspection des véhicules
de la Direction de la circulation et de la police routière (DCPR) se trouve
dans une situation lamentable. Des véhicules circulant dans le pays depuis de
nombreuses années ne sont soumis à aucune inspection et sont la cause de
nombreux accidents. Pour le Commissaire Will Dimanche, une carence de policiers
au service de la police routière et un problème financier, sont parmi les
difficultés auxquelles fait face ce service.
Un simple coup
d’œil à la Direction de la circulation et de la police routière à Delmas 2
suffit pour comprendre que tout ne marche pas comme sur des roulettes. Des
carcasses de voitures enlevées des trottoirs sont éparpillées aux alentours du
quartier général depuis des années. Ironie du sort, leur état ne diffère pas
trop de celui de quelques voitures privées ainsi que des bus, mini-bus,
camionnettes assurant le transport public dans plusieurs zones de la région
métropolitaine.
A Portail Léogâne,
certains des minibus assurant le trajet Delmas - centre-ville attirent
l’attention. Quelques-uns ont les feux avant complètement endommagés. D’autres
n’ont que deux écrous qui retiennent de chaque côté les roues avant. Si pour
les passagers, ils sont une déception, pour les chauffeurs, ils ne sont qu’un
gagne-pain quotidien. A l’intérieur de ces minibus, les sièges délabrés
énervent pas mal de passagers. « Dans ce pays, c’est un sauve-qui-peut, lance
un passager mécontent du mauvais état de la voiture. L’Etat tire des taxes sur
le moindre centime que l’on gagne à la sueur de son front, pourtant il ne se
soucie même pas du sort des paisibles citoyens qui sont transportés comme de
vulgaires animaux ».
A la rue Macajoux,
le piteux état des bus assurant le trajet Bon Repos - centre-ville n’échappe
pas aux critiques. L’imprudence de certains chauffeurs non plus. Dans certains
de ces bus, la gazoline est placée dans un sceau de cinq gallons à quelques
centimètres du chauffeur. Un tube assure la conduite du gaz au moteur. La
moindre petite flamme pourrait tout faire sauter et causer des pertes en vie
humaines. Interrogé sur cette action imprudente, un des chauffeurs dit ne pas
voir ce qui dérange. « Depuis trois ans que je conduis ce bus, je n’ai jamais
eu d’accident et le sceau qui contient la gazoline n’a jamais explosé. Je ne
vois vraiment pas pourquoi quelqu’un devrait s’inquiéter », lance le chauffeur
paisiblement assis au volant de sa voiture.
Qu'en est-il des camions ?
Identifisé par le
bureau des accidents de la PNH comme responsables de beaucoup d'accidents de la
route, les poids lourds circulent aussi dans un piteux état et font peur à
travers les rues. Certains ressemblent à de vraies poubelles. Pire encore, ils
circulent comme bon leur semble. La Direction centrale de la police routière
(DCPR) ne prend aucune mesure pour empêcher que ces camions-dangers continuent
à endeuiller les familles.
Malgré les
nombreuses campagnes d’inspection des véhicules, l’Office d'assurance véhicules
contre tiers (OAVCT) à Tabarre et la Direction de la circulation ne disposent
pas de matériels adéquats pour faire ce travail. Les responsables de la
Direction centrale de la police routière ont fait savoir que l’inspection des
camions s’est arrêtée depuis plus de quinze ans. Plaisanterie de mauvais gout?.
Un problème d’espace serait à la base de cette réalité.
Le commissaire Will
Dimanche, qui se dit conscient de la nécessité d’inspecter régulièrement les
véhicules, pointe du doigt le gouvernement qui, dit-il, ne lui donne pas
suffisamment de moyens pour faire son travail. « Nous ne disposons ni de moyens
financiers ni de matériels adéquats pour inspecter les véhicules. Au service de
la circulation, nous n’effectuons qu’une inspection visuelle. On inspecte les
pneus, ensuite on regarde si le véhicule est en état de circuler », indique le
chef de la police routière.
Dans la même veine,
le commissaire divisionnaire compte empêcher qu’un plus grand nombre de
véhicules en état de délabrement continuent de circuler librement. « Nous
allons profiter du renouvellement des vignettes pour bien inspecter les
voitures. Nous ne délivrerons pas de vignette à un conducteur si son véhicule
est en mauvais état », déclare Will Dimanche. Toutefois, il souligne que
l’effectif restreint des agents de la police routière est l'un des éléments qui
l'empêchent de mieux desservir la population.
Inspection, un service abracadabrant
La question de
l’inspection des véhicules suscite de vives inquiétudes chez les propriétaires
de voitures. À Delmas 2, le service d’inspection fonctionne au ralenti. Des
policiers, conducteurs et d'autres personnes se querellent à longueur de
journée. Des racketteurs par-ci et par-là côtoient les propriétaires de véhicules
et offrent leur médiation. Un véritable big-bang. Un enfer. Un haut lieu du
chaos que certains veulent à tout prix éviter.
Le service
d’inspection des véhicules de la DCPR n’est pas différent des autres services
publics où le racket est au premier rang. Vu l’absence d'un service d’accueil,
l’inaccessibilité à l’information, les conducteurs et propriétaires de
véhicules sont livrés à eux-mêmes et sont obligés de recourir souvent à
d’autres moyens pour obtenir le service demandé.
Souvent, les
propriétaires de véhicules sont obligés de payer plus de 10 fois plus que ce
que coûte le service. Pourtant, les gens qui opèrent dans ce système sont
parfois des employés de la DCPR, et même des policiers qui y sont attachés. Ce
service parallèle est souvent plus rapide et plus fiable. Certaines fois, des
véhicules pour lesquels le service est payé ne subissent même pas d’inspection.
Ce qui constitue la grande défaillance du système.
Joubert Rochefort
jrochefort@lenouvelliste.com
jrochefort@lenouvelliste.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire