Le
Nouvelliste | Publié le : 26 mars 2014
Malgré les
sommes importantes injectées dans le secteur hydraulique depuis des décennies,
l’approvisionnement de la région métropolitaine en eau potable reste un
véritable défi pour les acteurs nationaux et internationaux. De jour en jour,
la population se plaint de la rareté et de la mauvaise qualité de l’eau.
C’est un fait. Haïti fait face à des défis considérables dans le secteur de
l’eau potable et de l’assainissement. Malgré l’aide externe et la volonté
déclarée du gouvernement de renforcer les institutions du secteur, la
population ne cesse de se plaindre de la rareté et de la mauvaise qualité de
l’eau. Si l’eau qui coule dans les robinets des riverains n’est pas salée, elle
est toutefois très encrassée. Plaisanterie de mauvais goût ! L’instance chargée
de contrôler la qualité de l’eau se dit très limitée. « La Direction nationale
de l’eau potable et de l’assainissement (Dinepa) connaît de sérieux problèmes
tant au niveau de la gestion de l’eau qu’au niveau de sa qualité », explique la
directrice de l’assainissement à la Dinepa, Edwige Petit.
Selon Mme Petit, la vétusté des captages, les constructions anarchiques et
la dégradation de l’environnement sont autant de problèmes qui empêchent à la
Dinepa de desservir la population. En outre, elle ajoute que la Dinepa est
incapable d’assurer la durabilité de l’eau. « Le service n’est pas en mesure de
suivre la démographie, est-ce pour cela que l’eau est moins accessible dans les
zones les plus peuplées. Des fois, une panne de 25 gourdes peut empêcher la
distribution de l’eau pendant plus d’une semaine », indique-t-elle.
L’eau est aussi en manque dans les quartiers défavorisés de Port-au-Prince.
A Décayette, Jalousie, Solino, Village de Dieu, et Carrefour-Feuilles, les
riverains sont très critiques envers les responsables de la Dinepa. « Ici, les
gens n’ont pas accès à l’eau, tandis qu’elle est un élément indispensable. Ils
sont obligés d’attendre pendant des heures à la fontaine publique afin
d’apporter un seau d’eau chez eux. Malgré, les nombreuses requêtes que nous
avons envoyées aux responsables de Dinepa depuis des mois pour résoudre ce
problème, personne n’est venu», témoigne un responsable du comité de l’eau à
Jalousie.
L’Action contre la faim monte
au créneau
Dans un communiqué rendu public, le vendredi 21 mars, à l’occasion de la
Journée internationale de l’eau, l’Action contre la faim (ACF) dit déplorer le
fait que plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à un point d’eau
amélioré alors que le droit à l’eau est reconnu comme un droit humain depuis le
28 juillet 2010. « 80 % des maladies connues dans le monde sont liées de
manière directe ou indirecte à la mauvaise qualité de l’eau utilisée
quotidiennement par les populations les plus vulnérables » indique le
communiqué, soulignant qu’en Haïti près de 40% des personnes vivant des les
zones rurales les plus isolées n’ont pas accès à un point d’eau amélioré.
En ce sens, l’ACF dit mener aujourd’hui des activités dans les départements
de l’Ouest, de l’Artibonite et du Nord-Ouest à travers plusieurs programmes en
Eau/Assainissement/Hygiène en partenariat avec l'UNICEF et l’Union européenne
en vue de venir en aide à la Dinepa. « Ces activités ont pour objectif de
réduire les risques liés à des maladies telles que le choléra, l’hépatite ou
encore la fièvre typhoïde », précise la note.
En 2013, relève le communiqué, plus de 266 000 personnes, parmi lesquelles
33 000 enfants de moins de 5 ans, ont bénéficié du support de l’ACF, grâce à
ses différents programmes d’appui à la création et à la structuration des
systèmes de gestion communautaires et sociaux des points d’eau comme les CPE et
les CAEPA. Mais aussi grâce à une filière de production et de distribution de
produits de traitement de l’eau à domicile fabriqués en Haïti, par une
entreprise haïtienne.
Malgré les promesses des acteurs nationaux et internationaux, le problème
reste entier. A Port-au-Prince, comme dans les villes de province, la quête de
l’eau est la galère quotidienne des riverains. Si on ne marche pas pendant des
heures pour en trouver, on grille cependant une bonne partie de la journée à
faire la queue dans les fontaines publiques afin d’apporter chez soi quelques
seaux d’eau. Selon le directeur du centre d’exploitation de la région
métropolitaine, Théodate Paul Lydbenson, les cent seize mille mètres cubes
d’eau disponibles par jour sont nettement insuffisants pour les riverains de
l’aire métropolitaine qui frôlent les deux millions d'habitants.